Teichet, Anne-Laure

French, Fellows 2021

Bio

Anne-Laure enseigne au département de français du collège Dawson depuis 2004. Elle est titulaire d’une maîtrise en sciences de l’éducation et d’une maîtrise de philosophie. Elle a commencé à expérimenter les cours en ligne en 2013. Pendant la pandémie, elle a animé avec Claudio Calligaris une équipe Teams pour faciliter l’utilisation de Microsoft Teams aux enseignants qui souhaitaient travailler avec cette plateforme pour leur cours à distance. Elle a ensuite intégré la communauté de pratique pour l’enseignement en ligne en automne 2020 et a consacré sa recherche aux classes comodales qu’elle a pu offrir pendant le confinement et qu’elle donne encore de façon ponctuelle aujourd’hui. En mai 2021, elle a publié deux articles dans Profweb (Eductive) sur ce sujet. 

Description

Dans ce portfolio, je mets à votre disposition un extrait du webinaire sur l’enseignement comodal que j’ai donné avec Selma Hamdani à l’issue de mon expérience en salle de classe pendant le confinement de l’hiver 2021, deux articles que j’ai publiés dans Profweb sur le rôle de l’assistant et l’usage du papier dans les classes comodales, et enfin un bilan de mon expérience post-pandémie afin d’envisager désormais la comodalité comme un outil d’inclusion. 

Portfolio

La comodalité après la pandémie : pour une utilisation minimaliste 

Si la pandémie a été l’occasion pour moi d’expérimenter certaines pratiques pédagogiques innovantes comme la comodalité, se pose aujourd’hui la question de la pertinence de cette modalité d’enseignement dans un contexte de retour de l’enseignement en présentiel à peu près partout ou pays. 

Après avoir lu plusieurs articles et assisté à plusieurs conférences sur cette technique, force est de constater qu’elle présente des avantages incontestables pour les apprenants et pour les établissements en termes de flexibilité et d’inclusivité. Par contre, il est important de souligner que les avantages proprement pédagogiques ne sont pas du tout démontrés et il semble que les avantages pour l’enseignant soient quasiment nuls. En effet, la surcharge cognitive lors de la gestion de classe, les heures de préparation et de conception et le soutien technique nécessaire, dissuaderont la plupart des enseignants d’avoir recours à l’enseignement comodal et avec raison. 

Pour ma part, après l’expérience positive que j’ai eue de cette pratique pendant la pandémie, et malgré les défis que cette pratique engendre, j’ai décidé de l’intégrer de façon occasionnelle dans mes cours à titre de mesure d’inclusion. Au début de l’année 2022, certains étudiants devant être encore en quarantaine pour des raisons sanitaires, mais étant parfaitement capables de suivre un cours, j’ai choisi de prendre mon ordinateur portable en classe et de démarrer une réunion dans Teams pour que ces personnes puissent suivre le cours même si, en général, il y avait une ou deux personnes connectées tout au plus.  

Pendant la pandémie, lorsque j’avais donné des cours comodaux, la plupart des étudiants étaient à la maison et une minorité était en classe. Or, au début 2022, avec le retour en classe déjà amorcé depuis quelques mois, la situation était inversée et seulement une poignée d’étudiants suivait le cours à distance. Par ailleurs, je ne bénéficiais d’aucune aide technique et j’étais seule avec mes étudiants et mes écrans. J’ai donc opté pour un enseignement minimalement comodal, c’est-à-dire que le cours n’était pas spécifiquement conçu comme un cours comodal avec l’impératif d’équivalence de contenus et d’attention à chaque groupe, ce qui met beaucoup de poids sur les épaules de l’enseignant. Voilà plusieurs exemples d’utilisation minimale de la comodalité dans le but de rendre accessible une partie du contenu du cours aux élèves ne pouvant pas se rendre au collège.  

Le premier exemple de mon utilisation minimale de la comodalité est celui qui relève de l’aspect magistral du cours : énoncé des consignes pour une activité, explication des devoirs, présentation d’un diaporama. Cet usage implique que je reste proche du tableau et des ordinateurs afin que les personnes en ligne puissent bien m’entendre. L’enseignant doit être un peu plus statique, à moins qu’il n’ajoute un micro à son dispositif… Rappelons que dans une salle de classe classique, on doit désormais gérer trois écrans : l’ordinateur de la salle de classe, l’écran de la salle ainsi que l’ordinateur portable. Je ne compte pas l’écran du téléphone pour regarder le temps qu’il nous reste avant la prochaine activité. 

Le deuxième usage minimaliste de la comodalité a lieu lors des travaux d’équipe en classe. Voici deux façons dont j’ai utilisé l’outil pendant la classe. Premièrement, j’ai clavardé avec une étudiante pendant que les groupes travaillaient afin de vérifier ses réponses par rapport à l’exercice que je demandais aux autres élèves. Ce clavardage silencieux a permis à l’élève de faire le travail et d’avoir une rétroaction immédiate de ma part. Elle était heureuse de ne pas avoir « raté» une partie du contenu du cours et d’avoir minimalement participé à une activité. Deuxièmement, je mentionnerai le travail d’équipe d’une élève à la maison avec deux élèves en classe. Comme nous apprenons toujours un peu par hasard, voici une petite anecdote qui m’est arrivée en février : mon ordinateur portable s’étant éteint faute de batterie, une élève de la classe a pu ouvrir une réunion Teams à ma place et lorsque j’ai fait le travail d’équipe, les deux étudiantes en classe ont pu travailler avec leur amie qui était à la maison. L’avantage est que tous les documents sont sur la même plateforme en ligne, donc tout le monde avait accès au texte. Je me suis approchée du groupe et les trois élèves travaillaient très bien. Je les entendais échanger sur le texte et cela fonctionnait. J’avais fourni une version papier aux deux élèves en classe qui l’ont grandement appréciée. 

Le troisième usage minimaliste, consiste à mener des discussions de groupe à la fois avec des élèves en classe et à la maison. Encore une fois, devant la difficulté de faire un contenu parfaitement équivalent pour les deux groupes, vu mon contexte d’enseignement et sans assistant, lors des échanges en classe, je propose simplement aux élèves qui sont à distance de lever la main ou d’écrire dans le clavardage et je vais voir de temps à autre si quelqu’un a répondu. J’ai remarqué que si je passe trop de temps à regarder l’écran de l’ordinateur, les élèves du fond de la classe se dissipent et bavardent. Si je perds le contact visuel avec la classe, il y a des chances que je perde l’attention de certains. Donc il ne faut pas que la comodalité se fasse au détriment de la gestion de classe et c’est pourquoi je l’utilise partiellement.  

Pendant le trimestre, hors de cette mesure d’accommodement que j’ai offerte pour des raisons médicales, j’ai aussi proposé à certains groupes sans besoins particuliers une séance comodale. Les élèves ont donc eu le choix de venir en classe ou de rester à la maison. Dans ce cas-ci, je fais beaucoup plus d’efforts pour que l’attention portée aux deux groupes soit équivalente puisque la comodalité est offerte à tous. Quelques élèves ont apprécié la flexibilité offerte, mais encore une fois, cela me restreint dans mes déplacements dans la salle de classe et personnellement je n’y vois pas de bénéfice pédagogique particulier.  

En conclusion, une utilisation ponctuelle de la comodalité pour accommoder des personnes ne pouvant se déplacer en général me permet d’intégrer cette pratique pédagogique à moindre mal dans ma salle de classe. Les élèves malades ou bloqués par une tempête l’hiver peuvent être considérés présents au cours et écouter une partie des échanges, même si toutes les interactions ne sont pas accessibles pour eux. Cette situation me semble très pertinente à l’heure où les quarantaines sont encore de mise. Pour la suite des choses, si certaines situations extraordinaires se présentent pour des élèves, il me sera possible d’envisager cet outil pour permettre à des étudiants motivés d’assister au cours à distance. Je préfère offrir cette option comme une mesure d’inclusion qui n’est pas trop contraignante pour moi plutôt que de construire un cours cent pour cent comodal d’où on ne peut pas tirer beaucoup d’avantages pédagogiques et qui implique une très lourde tâche pour l’enseignant en termes de conception et de gestion. 

Ressources générales sur la comodalité 

Notions de base sur l’enseignement comodal 

Expériences d’enseignants pratiquant la comodalité au Québec ou en France 

Mes articles 

Communauté de pratique 

Le fait d’avoir participé à la communauté de pratique au Collège m’a permis de me lancer dans l’expérimentation de la comodalité avec le soutien de mes collègues. J’ai pu rencontrer une professeure d’un autre département qui avait un objectif semblable de recherche. Nous avons pu échanger des références sur le sujet, discuter et même réaliser une entrevue ensemble. Nous avons finalement présenté un webinaire ensemble au printemps 2021 afin de partager nos expériences avec la communauté. Par ailleurs, les co-coordonnateurs de la communauté de pratique ont pu m’aider à valider certains choix technopédagogiques avant de les tester dans la salle de classe, ce qui a été rassurant dans l’aventure. Enfin, j’ai pu prendre le temps de faire de la recherche sur le sujet, d’assister à plusieurs conférences pour nourrir mes réflexions et d’écrire deux articles dans la revue Profweb. Je suis donc très heureuse d’avoir fait partie de la cohorte 2021, car cette expérience m’a permis d’élargir mes compétences pédagogiques, d’échanger avec des collègues qui travaillent dans d’autres départements du collège mais aussi dans d’autres cégeps ailleurs dans la province, et de proposer des méthodes pédagogiques innovantes à mes étudiants. 

Liens pour les publications à jour en juin 2022:  

Le rôle de l’assistant dans la classe comodale (13 mai 2021) 

https://eductive.ca/ressource/le-role-de-lassistant-dans-la-classe-comodale/ 

La classe comodales, une classe sans papier ? (13 mai 2021) 

https://eductive.ca/ressource/la-classe-comodale-une-classe-sans-papier/ 

 

Other Works



Last Modified: September 27, 2022