Portfolio de Laura Niculae

Inclure et valoriser : mes premiers pas avec UDL

Laura Niculae

Après 20 ans d’enseignement (secondaire, université, cégep), j’ai décidé de faire un retour sur mes pratiques d’enseignement tout en découvrant UDL. Le résultat a dépassé mes attentes. Le fait de devenir de plus en plus consciente de chaque geste posé en classe et d’appliquer les principes du modèle UDL, m’ont fait me sentir moi-même rajeunie, plus créative que jamais, motivée et enjouée. En ce qui concerne les élèves et leur réaction  à UDL, j’ai été témoin d’une ouverture et d’une remise en question de leur côté aussi. Dans mon portfolio, je me suis proposé de présenter trois initiatives conformes à l’approche UDL accompagnées de mes observations et de la rétroaction généreusement offerte par mes étudiants.

 

La problématique : qu’est-ce qui m’a menée à UDL ?

Plusieurs raisons m’ont poussée à chercher des moyens efficaces pour stimuler, pour impliquer et surtout pour inclure de plus en plus les étudiants dans un processus d’apprentissage efficace et agréable. Malgré le succès des recettes d’enseignement avec lesquelles je travaillais depuis des années, je sentais que mon approche pédagogique avait encore besoin d’être adaptée à de nouvelles réalités scolaires et personnelles. Parmi les motifs qui m’ont dirigée vers UDL, j’exposerai les plus importants.

 

A . Les collégiens aujourd’hui ont un profil différent de celui de mes élèves d’il y a 20, 10 ou 5 ans. Ils sont plus attachés aux nouvelles technologies. Leur ouverture sur le monde est beaucoup plus marquée que dans le cas des générations précédentes (voyages, échanges culturels, cours qui incluent une expérience à l’étranger, amitiés, lectures, etc.). Ils ont plus d’expérience sur le marché du travail (plus de la moitié de la classe travaille à temps plein et cela depuis plus d’un an). Les étudiants sont très portés à partager l’information et à travailler en équipe. Ils ne peuvent plus se passer de la stimulation visuelle. Pour un professeur, tout cela indique que :

  • la méthode de travail doit être modifiée au profit de l’interaction et de l’inclusion de la technologie en classe (ne luttons plus contre les téléphones, la bataille sera perdue);
  • l’environnement de travail doit devenir moins angoissant et stressant pour ces jeunes qui choisissent d’étudier et de travailler en même temps (personne ne veut évaluer leur niveau de stress, mais plutôt leurs connaissances);
  • l’enseignement doit responsabiliser les étudiants tout en respectant leur besoin de liberté et d’autonomie;
  • l’enseignant doit tenir compte des forces de ses apprenants; son rôle sera de leur montrer comment profiter de la mise en commun de ces talents-là;
  • l’intégration des étudiants de tous les horizons culturels et sociaux ainsi que le respect de tous les profils d’apprenant (neurodiversité) doit devenir une priorité.

 

  1. Les changements dans le milieu de travail (technologies, types d’interaction) ont modifié la relation enseignant-apprenant. Continuellement stimulés et sollicités, les étudiants ont besoin de beaucoup plus d’énergie pour canaliser leur attention et leur motivation en classe vers les objectifs du cours.
  2. Mon besoin de renouvellement professionnel et d’échange avec des collègues qui rencontrent le même type de défis est une autre raison pour laquelle j’ai choisi de faire partie de UDL à Dawson.
  3. En tant qu’enseignante dans plusieurs cégeps à la fois (Formation continue et enseignement régulier, 10 cours par année, 8 préparations dont 2-4 nouvelles), je voulais trouver une méthode, un terrain commun, une pédagogie capable de relier et de dynamiser les différents cours que je concevais tout en tenant compte des objectifs spécifiques de chacun d’entre eux et de la diversité de la matière enseignée.

Mon cheminement

 

  • Mes pratiques avant UDL (exemple d’activités UDL avant de connaitre l’existence de ses principes)

Avant même d’entendre parler de UDL, ma préoccupation d’enseignante était de rendre mes étudiants autonomes en les outillant avec tout ce que je considérais nécessaire pour se débrouiller facilement sur le marché du travail ou dans toute autre circonstance qui nécessitait la maitrise du français. Sans le savoir, j’incluais dans mon travail quotidien des pratiques UDL comme:

– la correction des devoirs et d’exercices en classe;

– la rétroaction rapide sur tous les examens écrits;

– les jeux interactifs;Cercle de lecture-Laura

– la lecture à haute voix en classe (lecture modèle);

– le travail en équipe;

– le journal de bord et

– Antidote pour tous les étudiants.

 

Tous les professeurs, d’une manière ou d’une autre, utilisent et intègrent des principes de UDL. Je sentais que mon enseignement n’était pas assez inclusif parce que le niveau d’angoisse de mes étudiants restait élevé et, en plus, j’avais l’impression de ne pas encadrer suffisamment les étudiants confrontés aux défis d’apprentissage. Je cherchais des solutions et une sortie de l’enseignement unique, en rang d’oignons. Je voulais mettre en valeur les forces de mes élèves pour les aider à trouver eux-mêmes la façon de travailler et de fonctionner en classe qui leur convenait le mieux. Cela voulait dire que je devais leur présenter des options, des voies à emprunter pour étudier et réussir. Les observations que je lisais dans leurs journaux de bord m’aidaient à mieux les connaitre et à envisager des alternatives dans la présentation du contenu des cours et des examens. Et c’est à ce moment-là que j’ai découvert UDL au collège Dawson.

 

  • Premier contact avec UDL (Dawson 2014) (exemples de changements mis en place après ce premier contact)

Au printemps 2014, j’ai assisté à une présentation de mes collègues Laure Galipeau et Catherine Soleil concernant les principes UDL et leur application dans un cours de français. C’était mon premier contact avec cette manière flexible et innovatrice d’envisager la classe et l’interaction avec les étudiants et j’ai eu tout de suite envie de l’essayer. J’ai donc fait immédiatement les modifications qui ne demandaient pas un effort particulier, mais qui pouvaient faciliter l’accès à l’information et les choix des étudiants.

– J’ai commencé à mettre tout mon matériel de cours en format Word et PowerPoint pour que les élèves le consultent et le modifient à leur guise en préparant leurs devoirs ou leurs examens.

– J’ai utilisé des polices de caractères qui peuvent être lues facilement par tous les apprenants (j’ai priorisé Arial et Verdana).

– J’ai diminué le nombre de textes étudiés en classe et j’ai étudié plus minutieusement les œuvres choisies. (Ce point est encore en train d’être travaillé même aujourd’hui.)

– J’ai affiché sur Omnivox un plan plus détaillé de la progression du cours.

– J’ai commencé à envoyer des messages de rappel.

– J’ai demandé une rétroaction sur les pratiques UDL que j’implantais.

Ce que je ne faisais pas assez : Malheureusement, j’oubliais d’expliquer aux étudiants pourquoi le matériel était disponible sur Omnivox (osez l’utiliser et le modifier selon vos besoins!) et de demander de la rétroaction plus souvent et à chacun de mes groupes.

Ce que j’ai constaté : Le fait d’avoir mis à la disposition de ma classe tout le matériel et surtout de l’avoir mis à l’avance, n’a pas diminué de façon significative le nombre d’étudiants présents lors des cours mais plutôt le nombre de courriels de dernière minute ou ceux cherchant désespérément la réponse à des questions en lien avec des consignes, des étapes à suivre, etc. Les étudiants ont été particulièrement bavards, honnêtes et disponibles lorsque j’ai demandé leur rétroaction. Un nouveau type de relation venait de s’installer dans mes classes : on collaborait à l’organisation des cours, ce qui était valorisant pour les deux parties. Cela m’a encouragée à continuer.

 

  • Inscription et participation au groupe UDL@Dawson (2018-2019)

Contente que mes premiers essais détendaient l’atmosphère en classe et rassuraient les apprenants, j’ai manifesté mon intérêt et ma disponibilité pour participer aux séances et au cheminement de la communauté de pratique UDL@Dawson animée par Effie Konstantinopoulos, Laure Galipeau et Catherine Soleil. L’avantage de faire partie de la cohorte 2018 a été de travailler avec des professeurs de français et de trouver des solutions aux difficultés et aux préoccupations communes, mais également d’assister au partage et à l’évolution des collègues enseignant d’autres disciplines. Tous les participants ont représenté pour moi une source d’inspiration, de valorisation et de courage. Grâce à eux, j’ai découvert des activités qui peuvent être adaptées avec succès dans un contexte de cours de langue.

 

Pour en savoir plus :

Portfolio de Laura Niculae

 



Last Modified: June 14, 2019